Stéphane Bueno a commencé sa carrière à Ratier-Figeac en 1988. Cette même année, une sclérose en plaques se déclarait. Sa maladie évoluant, il risque le licenciement.
Cela fait 27 ans que Stéphane Bueno travaille à Ratier. Atteint de sclérose en plaques, il a été considéré inapte à son poste de travail par la médecine du travail et une procédure de licenciement est en cours.
Jeudi après-midi, c’est à la porte de l’entreprise figeacoise que ce travailleur handicapé et les militants CGT ont tenu une rencontre, en présence du référent de l’AGEFIPH «À la porte de l’entreprise, tout un symbole», se désolait l’un des camarades syndiqués, venu soutenir son collègue.
«Jusqu’à présent, Stéphane s’était adapté à son travail et aux différents postes où il avait été affecté. Mais la maladie a évolué, ses déplacements sont difficiles et maintenant c’est son poste de travail qui doit s’adapter à son fauteuil roulant», demandaient les représentants CGT.
Au côté d’Alain Fournès, référent AGEFIPH Midi-Pyrénées (association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des handicapés), ils rappelaient : «Cette procédure de licenciement a été engagée suite à un avis médical d’inaptitude pour le poste actuel qu’il occupe, mais avec possibilité de reclassement. Or nous considérons que la direction n’a pas tout mis en œuvre pour lui proposer un autre poste. La procédure est abusive».
«Je souhaite continuer à travailler, d’autant que je suis déjà à mi-temps. J’ai été au contrôle hydraulique, à la maintenance, et même à la cantine», ajoutait Stéphane Bueno.
Pour Alain Fournès de l’AGEFIPH : «Des possibilités de maintenir un salarié handicapé dans l’emploi existent, avec un poste de travail aménagé et ergonomique que notre structure est en capacité de financer, tout comme les études préalables à un reclassement, voire l’aidant, susceptible d’intervenir avec le travailleur handicapé».
Le sentiment des délégués CGT de Ratier est qu’on «occulte les compétences de Stéphane Bueno face à son handicap. à partir du moment où il a été considéré comme inapte, la procédure de licenciement est déclenchée, mais les salariés de Ratier sont choqués par cette situation. La direction peut encore surseoir à cette procédure».
Et chacun de constater : «Stéphane, que tout le monde connaît à Ratier, est conscient de son état, il fait des efforts et s’est toujours adapté. L’entreprise va-t-elle à son tour s’adapter ou bien lui infliger la double peine : handicapé et licencié ?», questionnait la CGT.
«Nous avons cherché un reclassement»
Sollicité par notre rédaction, Philippe Atrous, DRH de Ratier, nous a apporté les précisions suivantes. «La procédure de licenciement pour inaptitude est en cours mais non achevée, car l’inspection du travail doit être saisie et se prononcer sur ce dossier d’un travailleur protégé».
La direction précise que : «Suite à l’avis d’inaptitude rendu par la médecine du travail, elle a suggéré au salarié de faire appel, et de saisir l’inspection régionale du travail pour obtenir un réexamen». «Nous avons anticipé et recherché un poste de reclassement pouvant correspondre aux prescriptions médicales émises par la médecine du travail, mais ni à Ratier-Figeac, ni dans le groupe, un tel poste n’était disponible. Nous sommes alors tenus de suivre l’avis de la médecine du travail».
«Le comité d’entreprise a rendu un avis défavorable à ce licenciement, nous précise Philippe Atrous. Sur huit membres, il y a trois votes contre et cinq nuls».
Par ailleurs, questionnée sur l’effectif de travailleurs handicapés à Ratier, la direction a répondu : «Nous respectons les obligations légales concernant l’effectif de travailleurs handicapés pour une entreprise de 1 200 salariés».