La gratuité des masques s’impose !
C’est une question de santé publique et de justice sociale !
Faut-il le rappeler ? Notre pays est la sixième puissance économique mondiale. Notre pays est le troisième au
monde en termes de dividendes versés aux actionnaires et le premier en Europe ! Et, pourtant, notre pays n’a
pas été en capacité de fournir des masques à sa population.
Pour cacher son incurie, son manque d’anticipation voire ses choix politiques désastreux (austérité, économies
tous azimuts, etc.), le gouvernement a sciemment menti au plus haut niveau de l’État sur l’utilité des masques.
Même le conseil scientifique aurait minoré l’utilité des masques, début mars, conscient de la pénurie. « Ordres »,
« contre ordres » se sont succédé, comme sur beaucoup de sujets, dans la gestion de la pandémie du Covid-
19. Renvoyer aux autres les responsabilités semble être la ligne de conduite.
Bruno le Maire et Emmanuel Macron avait été interpellés, par courrier, en 2018, sur la fermeture de l’usine
Honeywell de Plaintel, dans les Côtes d’Armor qui pouvait fabriquer 200 millions de masques par an. Les
syndicats n’ont jamais eu de réponse.
La relocalisation de nos productions industrielles et notre indépendance stratégique sont à l’ordre du jour. Pour
cela, la CGT estime que 50 % de nos besoins doivent être produits dans les territoires européens dont 35 % en
France.
Au scandale du manque de masques s’ajoute, aujourd’hui, le scandale du prix des masques. On peut estimer
le budget « masques » pour une famille de 4 personnes entre 100 et 300 euros, par mois !
La CGT demande la gratuité des masques pour tous les usagers ; masques pour le grand public et, dès lors
qu’ils sont au travail, masques fournis par les employeurs. C’est une question de santé publique et de justice
sociale qui doit être prise en charge par l’État et les employeurs. Tous les stocks doivent être réquisitionnés afin
d’en assurer une gestion publique. D’ailleurs, les stocks apparus soudainement dans les grandes surfaces
doivent être distribués gratuitement. Ils ne doivent pas être l’objet de gain commerciaux ou d’appel d’offres (carte
de fidélité, « vente liée », etc.).
La qualité et l’efficacité des masques sont aussi un sujet. Les masques « grands publics » n’offrent pour garantie
que celle de ne pas contaminer autrui (garantie grandement sous conditions ; d’usage, de lavage, etc.). Le
Premier Ministre a menti, une nouvelle fois, en déclarant, lors de la conférence de presse du 19 avril, que : « Les
masques grand public nous paraissent, après étude, après certification, après normalisation, être à même de
garantir la sécurité sanitaire de ceux qui en disposent. » À ce jour, les masques « grands publics » ne font l’objet
d’aucune norme et d’aucune certification mais d’une simple spécification de l’AFNOR.
Le Conseil scientifique du gouvernement indique, dans son avis du 20 avril, que « nous n’avons pas de données
solides actuellement sur l’efficacité des masques alternatifs. »
La CGT exige que tous les employeurs fournissent gratuitement des masques de type FFP2 ou FFP3 à tous les
salariés, en quantité suffisante pour couvrir les plages horaire de travail.
En 2009, suite à l’épidémie de grippe H1N1, la Direction Générale du Travail (DGT) avait demandé aux
employeurs de faire des stocks de masques et de prévoir un Plan de Continuité de l’Activité.
Seulement 38 % des Français.es font confiance au gouvernement pour faire face à la crise du Covid-19, loin
derrière l’Allemagne (62%), l’Italie (57%), le Royaume-Uni (61%). Le scandale des masques s’ajoutent à celui
des 8 500 respirateurs obsolètes car inadaptés aux malades du Covid-19.
À quelques jours du 11 mai, il est grand temps de ne pas faire supporter en plus, dans la période, le coût de
masques vendus à des prix exorbitants. Les injonctions contradictoires doivent cesser. Des vies sont en jeu.
La CGT exige l’accès gratuit aux masques pour toutes et tous, leur réquisition et gestion par les pouvoirs publics !
Pour info sur la question des masques
Contrairement à ce qu’a indiqué le Gouvernement début mars sur « l’inutilité des masques », ceux-ci sont indispensables pour éviter les contaminations dès lors qu’ils sont efficaces.
Pour masquer la pénurie, employeurs et Gouvernements font aussi de la désinformation sur les différents types de masques.
- a) Les seuls masques véritablement protecteurs sont les masques FFP2 et FFP3
Avant les mensonges des Ministres du travail, de la santé, du Premier Ministre et du Président de la République lui-même, le Ministère du travail a toujours recommandé le port de masques FFP2 comme le démontre la circulaire ministérielle Direction Générale du Travail (DGT) du 3 juillet 2009 concernant le risque de pandémie : « La première recommandation d’ordre sanitaire a trait à l’utilisation d’équipements de protection individuelle de type masques FFP2, destinés à protéger les personnes qui les portent. »6
Les masques FFP2 filtrent à minima 94 % des particules de 0,6μm.
Le masque FFP3, étant connu initialement contre l’amiante offre encore un meilleur niveau de protection. Le problème, est qu’il est celui qui souffre le plus de pénurie.
Pour le masque dit « chirurgical », sa fonction est de protéger les patients et non le porteur du masque. On peut dire que sa fonction est à l’inverse des FFP2. Il en existe plusieurs types qui doivent correspondre à la norme NF EN 14683 :
- • Type I : 95 % des particules de 3 μm
- • Type II : 98 % des particules de 3 μm
- • Type IIR : 98 % des particules de 3 μm + protection contre les éclaboussures
Les masques chirurgicaux ne sont pas des équipements de protection individuelle au sens du Code du Travail. Il faut également faire attention à la confusion entre les masques dits « chirurgicaux » pour lesquels la marque « CE » conforme à la norme NF EN 14683 doit être indiquée sur la boite et des masques non sanitaires dits « grands publics ».
- b) Les masques « grands publics » n’offre aucune garantie d’efficacité
Le 1er Ministre a menti une nouvelle fois en déclarant lors de la conférence de presse du 19 avril que : « Les masques grand public nous paraissent, après étude, après certification, après normalisation, être à même de garantir la sécurité sanitaire de ceux qui en disposent. »
A ce jour, les masques « grands publics » ne font l’objet d’aucune norme et d’aucune certification mais d’une simple spécification de l’AFNOR.
La seule étude randomisée comparant l’efficacité des masques tissus à celle des masques chirurgicaux, a été publiée dans le British Medical Journal en 2015. Elle concluait que « la pénétration des masques en tissu par des particules était de près de 97 % et [pour] les masques médicaux de 44 % ».
« La rétention d’humidité, la réutilisation des masques en tissu et une mauvaise filtration peuvent entraîner un risque accru d’infection », signalait la revue.
Pour leur part, la Société française des sciences de la stérilisation (SF2F) et la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H) ont publié le 21 mars une recommandation déconseillant formellement l’usage de masques en tissu comme « solutions palliatives pour couvrir les besoins des soignants et des usagers des établissements ». « Il n’existe pas de preuve scientifique de l’efficacité des masques en tissu », insiste cet avis.7
7https://www.sf2h.net/wp-content/uploads/2020/02/Avis-SF2S-SF2H-Mate%CC%81riaux-alternatifs-pour-la-confection-de-masques-chirurgicaux.pdf
8 https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/avis_conseil_scientifique_20_avril_2020.pdf
Le propre Conseil scientifique du Gouvernement indique dans son avis du 20 avril que « nous n’avons pas de données solides actuellement sur l’efficacité des masques alternatifs » 8
- c) Consultation des représentants du personnel sur les masques
Pour rappel, il existe une obligation de consultation préalable du CSE et des CHSCT sur les « conditions dans lesquelles les équipements de protection individuelle sont mis à disposition et utilisés »9. Il faut exiger la transmission des notices de l’ensemble des types de masques utilisés et les modalités de la formation obligatoire10.
Toute nouvelle protection individuelle doit être analysée et confrontée à la réalité du travail (buée sur les lunettes d’un conducteur d’engin lors du port du masque par exemple, incidence pour des travailleurs handicapés devant lire sur les lèvres, etc. …). Cela permet d’identifier de nouveaux risques qui pourraient survenir.
- d) Durée du port des masques :
Concernant les appareils de protection respiratoire (masques) vis-à-vis du risque biologique, l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) recommande dans sa fiche de juillet 2019, de « limiter à 1h la durée de port en continu »11.
L’organisation du travail doit donc être revue pour un passage aux vestiaires / sanitaires toute les 55 minutes max et en respectant une grande distanciation lors du changement de masque.
ATTENTION : Les protections de type plexiglas ou encore visière sont insuffisantes pour se protéger compte tenu de la propagation sous forme aérosol en plus des gouttelettes.
sources :
6http://circulaire.legifrance.gouv.fr/pdf/2009/07/cir_28964.pdf
7https://www.sf2h.net/wp-content/uploads/2020/02/Avis-SF2S-SF2H-Mate%CC%81riaux-alternatifs-pour-la-confection-de-masques-chirurgicaux.pdf
8 https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/avis_conseil_scientifique_20_avril_2020.pdf
9Article R. 4323-97 code du travail : « L’employeur détermine, après consultation du comité social et économique, les conditions dans lesquelles les équipements de protection individuelle sont mis à disposition et utilisés, notamment celles concernant la durée de leur port. Il prend en compte la gravité du risque, la fréquence de l’exposition au risque, les caractéristiques du poste de travail de chaque travailleur, et les performances des équipements de protection individuelle en cause. »
10Formation obligatoire : R. 4323-106 du code du travail : « L’employeur fait bénéficier les travailleurs devant utiliser un équipement de protection individuelle d’une formation adéquate comportant, en tant que de besoin, un entraînement au port de cet équipement. Cette formation est renouvelée aussi souvent que nécessaire pour que l’équipement soit utilisé conformément à la consigne d’utilisation. »
11http://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%20146